PARIS — Un verdict est attendu dans le procès de Marine Le Pen, la leader du parti d'extrême droite Rassemblement national, concernant des allégations d'usage abusif de fonds du Parlement européen.

Un tribunal doit annoncer sa décision lundi, ce qui pourrait avoir des conséquences substantielles pour la carrière politique de Le Pen et ses projets de participer aux prochaines élections présidentielles de 2027. Le Pen, aux côtés de 24 autres responsables de son parti, est accusée d'avoir détourné des fonds alloués aux assistants parlementaires au sein de l'Union européenne.

Ces fonds auraient été redirigés pour rémunérer des membres du personnel du Rassemblement national entre 2004 et 2016, enfreignant ainsi les réglementations de l'UE. Le Pen a systématiquement nié toute faute tout au long du procès, qui a duré neuf semaines et s'est terminé à la fin de 2024. L'issue du procès pourrait entraîner une inéligibilité de Le Pen à occuper un poste public si elle est reconnue coupable, ce qu'elle a qualifié de 'mort politique'.

Les procureurs ont requis une peine de prison de deux ans pour Le Pen, accompagnée d'une période d'inéligibilité de cinq ans.

Un tel verdict aurait des effets immédiats, même si elle décidait de faire appel, et pourrait aboutir à un nouveau procès prévu pour 2026, quelques mois seulement avant l'élection présidentielle.

Au cours des débats, Le Pen a exprimé son inquiétude quant au fait que la décision du tribunal pourrait priver des millions d'électeurs qui soutiennent son parti, qu'elle affirme représenter leurs intérêts.

Elle a directement fait part de ses craintes aux juges en déclarant : 'Je sens que nous n’avons pas réussi à vous convaincre'.

La situation est compliquée par une récente décision du Conseil constitutionnel, qui a confirmé que l'inéligibilité immédiate peut être conforme à la Constitution française, mais a laissé aux juges le soin d'évaluer la proportionnalité de toute telle conséquence.

Le Pen a historiquement travaillé à la normalisation de son parti, s'engageant à redéfinir son image depuis qu'elle a pris la direction en 2011. Cela a inclus le changement de nom du Front national en Rassemblement national, une manœuvre stratégique destinée à éloigner son parti des connotations extrêmes antérieures.

Actuellement députée à l'Assemblée nationale, Le Pen a perdu de justesse les élections présidentielles de 2022 face à Emmanuel Macron, en obtenant 41,5 % des voix contre 58,5 % pour lui.

En cas de condamnation, des spéculations ont émergé concernant un éventuel successeur.

Jordan Bardella, 29 ans, qui a pris la direction du parti de Le Pen en 2021, est vu comme un candidat probable.

Cependant, son efficacité à rassembler un soutien comparable à celui de Le Pen reste incertaine, d'autant plus que des critiques intra-partisiennes ont émergé concernant son accent mis sur ses ambitions personnelles plutôt que sur la cohésion du parti.

Les analystes politiques suivent de près le développement de la situation, le verdict ayant des répercussions non seulement sur l'avenir immédiat de Le Pen mais également sur la trajectoire du Rassemblement national dans le contexte politique français.