La France est confrontée à un moment décisif d’instabilité et de risque économique alors que le gouvernement du président Emmanuel Macron fait face à une crise budgétaire aiguë, à un abaissement de la note de crédit, et à des troubles à l'échelle nationale.

L'effondrement récent de l'administration du Premier ministre François Bayrou, suite à son échec à faire adopter un paquet d'austérité de 44 milliards d'euros, a intensifié les inquiétudes selon lesquelles la France pourrait devenir le nouveau "malade de l'Europe".

L'agence américaine Fitch a abaissé la note de crédit souverain de la France de AA- à A+ — le niveau le plus bas qu'elle ait jamais atteint — pour refléter des préoccupations concernant l'instabilité politique, un manque de clarté sur la trajectoire de la dette, et des doutes sur la capacité du gouvernement à maîtriser le déficit budgétaire.

Cette rétrogradation survient alors que la dette publique s'élève à environ 113 à 114 pour cent du produit intérieur brut (PIB), avec des prévisions suggérant qu'elle pourrait atteindre 121 pour cent d'ici 2027 à moins que des mesures fiscales décisives ne soient prises.

Le déficit budgétaire actuel est estimé à environ 5,4 à 5,8 pour cent du PIB — le plus élevé de la zone euro.

En réponse à l'éviction de Bayrou, Macron a nommé Sébastien Lecornu, un proche allié avec une réputation de loyauté et de stabilité, comme Premier ministre.

Lecornu est désormais sous une énorme pression pour produire le budget 2026 d'ici début octobre et assurer son adoption à travers une Assemblée nationale profondément divisée manquant d'une majorité stable.

Pour réussir, il doit négocier avec des partis de gauche et de droite - notamment le Parti socialiste, qui exige des objectifs de déficit plus bas, l'abrogation d'une partie de la réforme des retraites de 2023, et une nouvelle taxe sur les ultra-riches - ainsi qu'avec les Républicains conservateurs, qui s'opposent à toute augmentation d'impôts et à tout ce qui est perçu comme une menace pour une politique favorisant les entreprises.

Les troubles sociaux et les grandes manifestations ont ajouté de l'urgence à l'impasse politique.

Le 18 septembre, les syndicats ont appelé à des grèves nationales perturbant les services publics, les transports, la santé et l'éducation, envoyant un message de forte résistance aux mesures d'austérité.

Des propositions telles que l'élimination de deux jours fériés - l'une des idées les plus controversées de Bayrou pour réduire les coûts - ont déjà été abandonnées par Lecornu en un geste vers le compromis.

Les analystes mettent en garde que sans une consolidation fiscale crédible, la France risque de perdre la confiance des investisseurs, de faire face à la hausse des coûts d'emprunt, et à de nouvelles pressions de dégradation.

Pourtant, la fragmentation politique, le calendrier électoral (avec des élections municipales début 2027 suivies des élections présidentielles) et la polarisation parmi les partis rendent la réforme en profondeur difficile.

Malgré les forces économiques de la France - son infrastructure, sa base d'exportation, sa main-d'œuvre éduquée, et ses institutions résilientes - de nombreux observateurs estiment que la situation actuelle représente un tournant historique.

Que le gouvernement puisse traduire ces forces en stabilité - ou si la France en sortira affaiblie - dépend de la capacité de Lecornu à combler les divisions idéologiques sans susciter de nouvelles réactions sociales et politiques.